dimanche 3 juin 2018

Caballero & JeanJass - Double Hélice 3




1er juin dernier, Caballero & JeanJass ont lâché leur objet musical identifié, DH3 a décollé. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'une fois de plus, avec ce projet le duo belge réaffirme son identité. Une fois de plus, ils veulent nous plonger dans leur univers. Univers que vous connaissez bien, si vous suivez le duo depuis le début. Comme à leur habitude, 2nd degré, la bouffe (ref distillés dans différents morceaux), la weed, les femmes (sur A2 plus particulièrement), l'égo-trip (sur Clonez-moi), les critiques politiques (T'es ministres et tu payes pas tes impôts ! Ça c'est dégueulasse !), sont toujours au rendez-vous et ça c'est du propre ! Les 2 rappeurs savent se montrer créatifs quand il s'agit de traiter tous ces sujets. Même si ils ont la plus grande maîtrise de leur univers et que cela ne peut que plaire à leurs auditeurs les plus assidus. On peut tout de même regretter un manque de prise de risque, c'est-à-dire que Caba & JJ ne sortent pas de la zone de confort dans laquelle ils sont bien installés. En même temps le plat du pied sécurité n'est-il pas la meilleure façon de s'assurer une passe décisive bien propre ? 


Bien évidemment Caballero & JeanJass ne veulent pas nous envoyer en orbite seul, tout ceci est un travail d'équipe. Bien accompagnés par Elvis Roméo (Incroyaux), Sofiane (ALZ), Krisy (Toujours Les Mêmes) et Hamza (Bae) pour aérer l'album. Les feats sont donc très équilibrés, le duo sait s'adapter à la spécificité de chaque artiste pour les laisser exister. Ce qui permet de mettre à profit le talent de chaque invité de la meilleure des manières possible. Comme à leur habitude au même titre que les feats le duo s'entoure pour la construction musicale, de beatmakers sûrs, au travail reconnu. Beatmakers qui, une fois de plus, font preuve de leur talent en produisant des instrus à la juste mesure du duo. Les prods sont calculées, calibrées pour le 2 belges. Ils ont même le luxe d'avoir un morceau (Dégueulasse) co-produit par Stromae accompagné de BBL, ce qui ne fait pas d'ombre au travail des autres beatmakers comme Ponko ou encore le français Eazy Dew. Sur A2 JJ s'offre même un co-prod ce qui n'est pas déplaisant du tout.


Pour ce 3ème volume de le série Double Hélice, le duo assoit ses skills et son talent. Cependant on peut déplorer ce petit manque de prise de risque car le duo est talentueux et drôles (mention spéciale aux insertions du Roi Heenok sur Forcing). On peut les féliciter de ne pas avoir céder aux sirènes du stream, en ayant sorti ce 13 titres et pas plus. Ce que l'on peut maintenant attendre du duo, c'est peut-être de refermer le trilogie Double Hélice et passer à une autre étape encore plus forte parce qu'il est certain que Caba & JJ en ont encore dans le cône. 





Mekolo Biligui

vendredi 1 juin 2018

Moha La Squale - Bendero





En moins d'un an Moha La Squale est devenu la coqueluche des médias mais aussi un espoir solide du rap français, grâce à une série de freestyles postés tous les dimanches afin de se faire connaitre et s'incruster dans le rap game. Ce qui a logiquement permis au rappeur de l'est parisien de signé chez Elektra, c'est donc en toute légitimité que le rappeur était attendu au tournant. Il a passé son baptême du feu avec son 1er opus Bendero sorti le 25 mai dernier. 


Un 1er album, 24 titres, 70 minutes, 5 parties, voilà pour les chiffres de Bendero. Quand on se concentre sur la musique on y retrouve le Moha des freestyles qui ont tant plu, authentique, sincère toujours égal à lui-même avec ce flow et sa gouaille qui le caractérise tant. Dans Bendero, il se raconte encore et toujours à travers son alter-ego (qui à donner le titre de l'album) mais aussi à la 1ère personne. Fleury, la rue, les galères, l'amour, la fraternité sont autant de thèmes qui sont présents dans l'opus au risque de tourner en rond. C'est là où le bas blesse, sur 24 titres comment ne pas tomber dans la répétition ? Question pertinente à laquelle Bendero n'a pas su répondre. Malgré le fait que certains titres comme 5 juillet 1962 (traitant de la guerre d'Algérie), Luna, Pankani, Snow (sur son ex codétenu) et J'me Rappelle Papa (sur l'absence de son père) sortent du lot. Moha n'a pas su juguler cette boulimie de titres. Quant aux adlibs qui se matérialisent sous forme de cris, c'est très usants, La Squale a abusé de cet effet, ce qui peut fatiguer l'auditeur surtout quand il y a 24 titres. Comme on dit "less is more"


En terme de prods, La Squale a su s'entourer de beatmakers solides. Entre BBP (producteur multi-récompensé), Biggie Jo (lui aussi multi-récompensé), LeMarquis ou encore Reek Starcks, c'est une architecture stable,équilibrée et fluide qu'ils ont donné à cet album. Ils ont su saisir l'univers de La Squale, le digérer et l'upgrader. Ce qui donne un rendu musical propre, sans bavures et sans fausses notes.

Après cette immersion dans Bendero, on sait que Moha La Squale est toujours là et qu'il n'a pas perdu son authenticité et sa sensibilité. C'est peut-être pour ce souci qu'on pourrait avoir l'impression que parfois Moha surjoue La Squale. Cependant on doit reconnaître que c'est un album vigoureux, fait avec le cœur. Néanmoins cette accumulation de petites erreurs peut devenir handicapante pour les oreilles de l'auditeur. Mais c'est un 1er album qui est tout de même solide bien que trop long. Aller va écouter ça ma gueule !

Lien d'écoute




Mekolo Biligui