samedi 21 mars 2015

Ma rencontre avec Fa-Dany



 


Je suis partie à la rencontre de Fa-Dany un jeune rappeur de 22 ans originaire de notre bonne ville de Paris plus précisément du 13ème arrondissement. Il puise ses influences dans le rap new-yorkais des années 90. Rencontrons Fa-Dany au cours d’une interview au cours de laquelle on parlera musique mais pas seulement…

HipHopSquat : Raconte-nous ta 1ère rencontre avec le rap…
Fa-Dany : J’avais 12/13 ans à l’époque du collège plus précisément j’étais en 5ème. J’avais un ami à moi qui dansait donc on s’est mis à danser ensemble, on s’ambiançait. Ensuite on a décidé de tester le rap car ça faisait parti de la culture Hip-Hop. Au début, je rappais en Anglais, ça personne ne le sait, rapper en cainri c’était plus pour blaguer, puis on à développer ça, après c’est devenu passionnel et on n’a pas pu s’arrêter.

HHS : Plus concrètement c’est ça qui t’as donné envie de faire du rap ?
FD : Oui et non car j’ai bouffé pas mal de skeuds, j’avais déjà ce truc Hip-Hop, j’ai débuté par la danse puis j’ai bifurqué vers le rap. Le fait d’écouter pas mal de disques cainris et de rap français et de voir des mecs jouer avec les mots, je me suis dit c’est un truc de malades pourquoi pas essayer en fait. Ensuite ça a pris la place que ça a pris… On va dire ça comme ça.

HHS : Du coup ton 1er EP s’appelle des Idées noires en survet tu peux nous en parler…
FD : En fait ce n’est pas mon 1er EP… Sur celui-là on peut dire que le titre est assez évocateur, c’est un peu ma couleur musicale c’est très très sombre, assez noir en fait. Ces idées noires me représentent, cet EP c’est aussi sur mon quotidien, sur mon entourage, sur notre manière de vivre, sur notre environnement. En fait c’est une sorte de défouloir. Les idées sont noires le titre parle de lui-même finalement.

HHS : Ce projet a une couleur plus trap. Pourquoi ?
FD : En fait, je voulais essayer étant donné que je suis quelqu’un qui teste pas mal de trucs. Ce qu’il faut savoir c’est qu’à la base je ne suis pas du tout dans ce délire. A l’époque je prenais des faces B, tous mes projets étaient sur des faces B, des trucs assez boom bap, des instrus de Nas, des instrus de Jay-Z. Puis on va dire qu’on m’a mis au défi, mon entourage me disait qu’étant donné que je rappais pourquoi ne pas faire ça, j’ai voulu tester, j’ai voulu montrer que je sais le faire. Ce n’est pas mon thème de prédilection c’est-à-dire que ce n’est pas un truc que je vais faire tout le temps et peut-être même que je ne le referai pas mais je voulais vraiment montrer que je pouvais le faire, que c’est une discipline comme une autre. Moi, ça ne me dérange pas de le faire, je peux le faire si je veux tout simplement.

HHS : Avant de commencer à rapper tu laisses beaucoup de place aux instrus. Pourquoi ?
FD : Parce que moi, je respecte de ouf la prod. C’est mon avis personnel, pour moi la personne qui fait les prods a un taf plus difficile que la personne qui rappe pas que je me descende mais depuis que j’ai commencé à rapper j’ai un grand respect pour les personnes qui font les prods, pour leur travail leur acharnement et j’ai vraiment envie que les gens se rendent compte de ça et ça me fait plaisir quand les gens s’en rendent compte car c’est mon intention. J’ai envie de véhiculer le message que toi tu rappes mais le mec qui a fait l’instru si il n’est pas là ben toi tu n’es pas là non plus c’est aussi simple que ça.

HHS : Amen (rires).

HHS : D’ici la fin de l’année tu vas sortir un l’album Vu d’Ici dont le son « Dialecte de Cactus » est déjà sorti. D’après toi il y a une évolution en ces deux projets ?
FD : Ben… Là carrément on va dire que c’est un aboutissement en fait. C’est-à-dire que Vu d’Ici n’a rien avoir avec tous mes projets précédents, c’est vraiment un truc taffé, abouti de A à Z. Avec une équipe entière on s’est mis dessus vraiment. Alors que les anciens projets c’était moi dans ma chambre j’écoutais des instrus, je mettais des sons. En fait il n’y avait pas de ligne directrice on peut dire ça comme ça. Vu d’Ici c’est vraiment dirigé, on m’a fait les prods, il y a de la communication dessus, il y a une direction et j’avais vraiment envie que ce projet se démarque des autres et que l’on voit qu’il y a du travail que c’est un projet aiguisé.

HHS : Les prods changent entre des Idées noires en survet et Vu d’ici alors que c’est-il passé ?
FD : Ca c’est ma couleur en fait, ma couleur totale. C’est Bêo17 de Musique de Chambre, de mon équipe, qui m’a fait toutes les prods sauf une qui est faite par un pote à moi qui est espagnol. Toutes les couleurs de prods que l’on entend sur le projet c’est vraiment moi. Dans ce projet c’est ce que j’aime faire et ce qui m’épanouit le plus. Donc il est normal que ça ait changé.

HHS : Du coup quand sort Vu d’Ici ?
FD : (Rires), c’est prévu du moins on fera tout pour que ça sorte pour la fin d’année, au environ de septembre. On se donne les moyens, on bosse pour que ça se fasse donc espérons que ça va se passer comme ça.

HHS : C’est tout ce qu’on te souhaite

HHS : Tu as sorti le clip Paname. Pourquoi rapper a capella ? Parce qu’en fait c’est assez troublant pour les auditeurs qu’il n’y ait pas d’instru sur le morceau. Tu te sens perdu, tu attends l’instru mais ça ne vient pas tu te dis c’est comment…Tu peux m’expliquer ça justement ?
FD : Ecoute c’était encore un défi, une histoire pour se démarquer, être différent des autres. L’équipe m’a suggéré cette idée. Au début sans mentir je me suis dit que ça risquerait d’être compliqué mais finalement je me suis dit pourquoi pas. Qu’est-ce-qui m’empêche de le faire ? On l’a fait, pour moi c’était une belle expérience, c’est un truc à tester. Je suis un adorateur du rap vraiment je kiffe ça donc quand il y a des trucs à faire je les fais. C’était un délire après c’est sûr que ça n’a jamais été fait, je voulais être le mec qui l’a fait (rires) donc c’est cool de l’avoir fait ! C’est pas mal !

HHS : Petite question socio-rap. Il y a peu de temps un clip nommé 1er Pocheton où des enfants entre 8 et 13 ans sont mis en scène en gangsters pour faire du buzz ! On n’a pas entendu beaucoup de MCs en parler de ce fait qu’est-que-ça t’évoque ?
FD : Honnêtement je ne sais pas quoi en penser. Pour dire vrai c’est triste mais le vrai problème c’est le fait qu’il y ait des personnes dans cette industrie qui ne réalisent pas qu’en rappant il y a un fardeau… Quand tu rappes, quand tu es écouté je pense qu’il faut que tu fasses attention à ce que tu montres et à ce que tu dis, toutefois cela reste mon point de vue. Après je peux avoir tort ou raison, mais moi en tout cas quand j’écris ou essayes de faire des sons, je me place toujours dans cette optique là, je me dis mes frères m’écoutent donc je fais attention à ce que je dis, à ce que je fais, à comment je le dis. C’est une chose importante pour moi. Après cela est une conséquence du fait que certaines personnes dans l’industrie ne fassent pas l’effort d’avoir une réflexion sur le fait qu’il y a des petits frères qui m’écoutent et donc il faut que je fasse attention parce que ce que je fais, dis ou montre dans mes clips peut porter à confusion. C’est la conséquence directe de ce qu’il se passe avec internet qui fait parti de l’engrenage.

HHS : Par rapport à cela tu as parlé de petit frère, justement cela ne t’as pas rappelé Petit Frère  d’IAM qui date d’il y a 20ans ? En fait il y a 20ans c’était déjà les mêmes problèmes.
FD : Ça n’a pas changé c’est le même problème. Je pense que tant qu’il n’y aura pas de réflexion ou déclic à ce niveau là ça ne changera pas. Les petits voient ça, à un âge où ils se cherchent donc quand ils voient des clips comme ça ils pensent qu’ils se sont trouvés c’est comme ça…

IAM - Petit Frère

HHS : Donc en fin de compte tu penses que le rap a une certaine influence quand même ?
FD : Oui, oui il ne faut pas le nier, il faut arrêter de mentir. Le rap a une grosse influence c’est une des musiques les plus écoutées donc oui il y a une influence c’est sûr et certain surtout sur les plus jeunes. Cela ne reste que mon avis.

HHS : Revenons à des sujets un peu plus légers ! Un de tes titres sur l’EP se nomme Skynet une référence au film Terminator. C’est un te tes films préférés ?
FD : Ouais… Enfin c’est un des films…Ouais on peut dire que c’est un de mes films préférés en fait c’est l’histoire que j’aime bien, cette histoire d’intelligence artificielle qui prend le contrôle. Je trouve cela fantastique et c’est ce genre d’histoire qui me fait rigoler. C’était une petite référence car c’est le film préféré de mon petit frère qui me suit toujours quand j’écris ça joue aussi.

HHS : Tu pourrais nous citer 3 films qui t’ont vraiment marqué ?
FD : Trois c’est chaud ! (Rires) En 1ère position Les Evadés, je ne sais pas si les gens connaissent ce film mais je pense que oui. Les Evadés c’est le 1er film qui m’a marqué, qui m’a complètement chamboulé. Ensuite en 2ème Matrix, toute la trilogie pour moi c’est un truc incroyable. En dernier on va dire quoi… (Réflexion, j’entends Menace II Society wesh !). Non ! Paid in full ! Paid in full !! C’est dur, il y en avait plus que ça, je vais me faire tirer dessus à la fin mais bon c’est pas grave (rires). C’est pas grave ! (J’entends tu as oublié Kirikou ou encore Ghost Dog)

HHS : Du coup en ce moment il y a une série qui marche très bien aux Etats-Unis qui s’appelle Empire qui traite du milieu Hip-Hop. Tu en penses quoi de cette série ?  En plus c’est un des meilleurs démarrages de ces derniers temps… Qu’est ce que ça t’évoque ?
FD : Ben honnêtement je n’ai même pas regardé un épisode mais on m’en a parlé de partout un truc de fou. Mon petit frère suit cette série là vraiment, il me tanne tous les jours pour que je regarde. Du coup je pense que là étant donné que tout le monde m’en parle je vais faire l’effort de voir ce que ça donne mais apparemment ça fonctionne bien tant mieux si une série sur le Hip-Hop fonctionne bien, ça fait plaisir. Si c’est sur le milieu c’est pas mal après franchement je n’ai même pas regardé une bande annonce donc je ne peux pas en dire plus.
HHS : Faut que t’y mettre mon frère !!
FD : Ah ouais carrément (rires) !! D’accord, d’accord !! (Rires) Ça marche je vais jeter un Å“il.

HHS : En plus je vois que dans le studio où on est justement il y a pleins de posters de manga, pleins de références, on boit dans des tasses avec des effigies de personnages de mangas, de jeux vidéo. Alors qui serais-tu si tu devais être un personnage de mangas ?
FD : Oh non, faut pas poser cette question (rires). Fallait pas c’est la question que je redoutais (rires). Franchement Nicky Larson, moi je serai Nicky Larson (on entend on avait dit que se serait Neilu J !) Non franchement je serais Nicky Larson, sa manière de rigoler de tout, de se foutre de tout et d’être sérieux au moment où il faut être sérieux, moi c’est ça ! Carrément je serais Nicky Larson ça c’est sûr !


HHS : Du coup tu aimes les femmes comme Nicky Larson les aime ?
FD : Non, non… (Rires) Ce côté-là bon…Moi c’est plus le côté où il se tape des barres, il rigole de tout et il est sérieux au moment où il faut l’être, un moment il rigole et l’autre il faut faire le gars sérieux il devient sérieux. Il a deux personnalités et ça c’est génial !

 

HHS : Alors les femmes c’est comment ?
FD : (Rires) Non le rap c’est comment ? (Fou rire) Non pour l’instant c’est le rap après les femmes on verra. Comme je dis à ma maman les femmes il y a tout le temps (rires).

HHS : On va parler un peu de sport notamment de foot alors la victoire du PSG sur Chelsea vu ce qu’il s’est passé quand les supporters sont venus à Paris. C’est pas une fessée déculottée ça ?
FD : C’est vrai que c’était assez marrant après moi bon… Toute ma famille est partie le voir chez mon père, je suis resté chez moi seul mais je l’ai regardé et puis…C’était assez marrant même les réactions des gens, ils étaient complètement fou après voilà c’est normal. Après ce qui c’est passé juste avant c’était obligatoire que ça se passe comme ça. Je suis assez content, c’est pas mal c’est cool !

HHS : Revenons un peu à la musique, on va plutôt parler de tes gouts musicaux. Quel rappeur te fait kiffer en ce moment ?
FD : Question, question ça aussi c’est une question…
HHS : Moi j’aime bien les questions pièges…
FD : C’est bien, c’est bien… Franchement en ce moment… Lino ! Lino et je ne sais pas si vous connaissez Joe Lucazz. C’est leurs deux projets qui sont en rotations en plus ils sont sortis le même jour donc c’est parfait ! C’est les deux rappeurs que je suis de manière plus active, carrément de ouf.

Lino - Interview

Joe Lucazz - Je Disparais

HHS : Même pas un petit Kendrick Lamar dans le lot !?
FD : Ben après c’est dur faut différencier rap cainri et rap français parce qu’après c’est compliqué là (rires). Rap cainri Kendrick Lamar c’est certain, il y a aussi Joey Bada$$ que je kiffe de fou. (Je lève le pouce) Super, super je suis validé !! J’ai une bonne note j’espère !? (Rires)

Joey Bada$$ - 95 til Infinity

Kendrick Lamar - HiiiPower

HHS : Quel album t’as récemment fait rêver ? Celui qui tourne en boucle, celui qui t’as fait péter les plombs…
FD : En quoi en rap français…

HHS : Peu importe… Un rap français, un rap cainri.
FD : Sorti récemment ?

HHS : Sorti récemment ou pas. C’est toi qui choisis
FD : Oh la la… (J’entends c’est quoi ton album fétiche, l’album que t’as téléchargé puis des rires). Aie aie aie ! Question difficile ! En ce moment je suis en rotation sur un album mais c’est un album qui est sorti il y a quelques temps donc je ne sais pas si on peut le compter. En ce moment j’écoute beaucoup l’album de Nas, celui qui n’a pas de titre en fait, il aurait dû avoir un titre mais du coup il n’en a pas. C’est l’album qui tourne en boucle en ce moment, ça m’apaise, ça me calme en fait. 
 
Nas - Untitled (Nigger)

HHS : Etant donné que tu es un MC tu suis les 10 commandements du MC de Disiz ? T’essaye de suivre cette ligne directrice parce que pour dire vrai il n’a pas tord quand même.
FD : Il n’a pas tord. On fait ce qu’on peut (rires). On fait ce qu’on peut mais ouais j’essaye, après il faut savoir que voilà j’ai des petits frères qui sont sur mes cotes, qui sont là à me fliquer là-dessus qui étudient le truc. Donc il faut que je respecte sinon je n’aurai pas de bonne note. J’essaye de respecter au maximum, déjà quand je m’écoute vraiment je sens que j’ai respecté ce que je pense être les bonnes choses. Je fais ce que je peux en tout cas. Je me donne les moyens. J’essaye.

Disiz - Les 10 commandements du MC 

HHS : Un petit lyrics qui t’as marqué celui qui tourne en boucle dans ta tête.
FD : Une phase de Lino… Il dit…C’est une phrase c’est tout con mais je trouve que c’est une belle phrase il dit : «  Quand je suis au commissariat je n’utilise que trois sens » et je trouve ça magnifique. En fait c’est pour des conneries comme ça que j’aime le rap ! C’est pas une phrase qui va révolutionner le monde mais c’est une belle phrase, une belle tournure de phrase on va dire ça comme ça (rires).

HHS : Quels sont les 5 titres que tu nous conseillerais d’écouter rap ou pas ?
FD : (Il prend une profonde respiration) Complications, complications ! (J’entends Neilu J : Marginal Bêo17…Il rappelle que c’est son interview). Premièrement 2Pac Do For Love, en première position parce que je crois que je vais mourir, Notorious BIG Sky Is The Limit, Lino Interview. Allez, allez on va faire… X-Men J’attaque Du Mike et Lunatic le Crime Paie. Ecoutez ça et vous serez caler (rires) ! (J’entends je suis surprise que tu n’es pas mis du Nas !)

2Pac - Do For Love

Notorious B.I.G - Sky Is The Limit

X-Men - J'attaque Du Mike

Lunatic - Le crime paie


HHS : Une dernière chose, le mot de la fin.
FD : Le mot de la fin… Musique deChambre compte envahir le milieu totalement et imposer sa dictature.

HHS : On espère que vous serez des despotes éclairés les gars !
FD : On va dire ça comme ça !


Voilà c’est ici que notre voyage dans l’univers de Fa-Dany s’arrête, nous voici plus à même de comprendre son monde. Vous l’aurez compris Fa-Dany est un rappeur de défis il les aime et les relève sans sourciller, alors je vous mets au défi de lui donner de la force et de le soutenir. PEACE !! 



Vous pourrez retrouver Fa-Dany ici 
Retrouvez des Idées noir en survet ici

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